MT-07 2025: Que reste-t-il de notre premier amour en A2 ?

En adoptant un accélérateur électronique sans câble, associé à des modes de gestion moteur et assistance allant de paire, et en optant pour un contrôle de traction en complément de l’ABS, Yamaha commence déjà par changer la donne et par s’aligner sur les standards actuels. La MT-07 2025 hausse une nouvelle fois le niveau de la partie cycle par une modification du cadre, l’adoption d’une fourche plus performante, de nouveaux freins plus puissants et un nouveau bras oscillant, sans oublier des jantes plus légères favorisant généralement la maniabilité. Elle entend donc également se montrer plus rigoureuse et plus « accessible », tout en augmentant son niveau de performance et de séduction, et en modifiant le comportement de son bicylindre CP2 calé à 270° en même temps que sa sonorité. Un moteur voulu plus coupleux, donc plus fort dans ses relances et dans ses poussées, qui conserve la même puissance d’un peu plus de 73 ch en version libre, et évidemment 47 ch en version A2, avec un bridage électronique. En tout cas, le nouveau moteur Euro5+ semble renforcer l’agrément pour les jeunes permis, tout en se prêtant à la greffe d’une boîte de vitesses automatique.
 

Celle-ci repose sur une motorisation électrique de l’embrayage et du passage de vitesse, le tout couplé à un shifter permettant de passer les vitesses à la montée comme à la descente, normalement mais sans débrayer. Le système Y-AMT, déjà découvert sur la MT-09 est piloté. Du coup, les leviers d’embrayage et de vitesse disparaissent, laissant place à une gâchette bidirectionnelle (on pousse ou on tire), actionnée au pouce et à l’index, ou simplement à l’index si l’on ne veut pas se prendre au passage dans la commande de clignotants ou le klaxon positionnées non loin. De fait, les commodos connaissent eux aussi une inflation niveau place par rapport au modèle standard (les doigts font de gymnastique !). La boîte auto permet de passer sans intervention les rapports si elle se trouve en mode transmission automatique (AT) ou à l’aide de la gâchette, si l’on roule en mode transmission manuelle (MT), donc sur commande et à volonté, ou presque. Cette gâchette offre également la possibilité d’intervenir directement sur le mode automatique pour « forcer » le passage des rapports, à la montée comme à la descente.
 

Le modèle Y-AMT adopte un régulateur de vitesse absent de la version standard. Autant dire que ce modèle est davantage fait pour les gros rouleurs et les liaisons autoroutières. Autre point, une instrumentation digitale de 5 pouces fait son apparition. Plus grande, plus riche et plus complète que par le passé, en couleurs surtout, et proposant 4 présentations différentes sur fond noir ou sur fond blanc, elle est aussi connectable à un smartphone afin de bénéficier de fonctions avancées. Infos, divertissement (appels, messages, musique et autres), donc, mais aussi et surtout une navigation GPS directement à l’écran, avec l’application gratuite My Road de Garmin, partenaire de Yamaha.

Riche de ces nouveaux équipements apportant près de trois kilos sur la balance et 500 € sur le comptoir pour la version Y-AMT (8 499 €), portant la masse totale à quelques 186 kg contre 183 kg, et 7 999 € (en mars 2025) pour la version standard, la MT-07 de base mincit pourtant d’un kilo par rapport aux 184 kg du modèle 2021/2024. Pas mal, sachant que l’ensemble de ces modifications 2025 auraient pu lui ajouter environ 5 kg. Avec une hauteur de selle de 805 mm (une valeur supérieure à celle que nous recommandons pour les jeunes permis) et avec un poids dépassant les 183 kg tous pleins faits, la MT-07 n’est donc pas une petite moto, quand bien même elle semble compacte dans l’absolu : les 400 et 500 cm³ proposent souvent des valeurs moins impressionnantes pour un niveau de performances équivalent en A2. Leur puissance ne nécessitant pas de bridage, elles sont donc également plus intéressantes d’un point de vue comportement moteur et rapport poids/puissance. Même « légère » pour sa catégorie et pour sa cylindrée, la nouveauté ne se prêtera donc pas toujours aux débutants de moins de 1,70 m. Par contre, elle n’est pas trop lourde et propose des proportions fines au niveau de son réservoir. La MT affiche cela dit une taille de guêpe, que les Hornet 500, 650 et 750 – justement – peuvent lui envier ! La selle est étroite dans sa partie avant afin de permettre de mieux poser les pieds au sol. Bon à savoir lorsque l’on débute !

Les temps ont changé et les esprits avec. Si, par le passé, on voulait avant tout se faire chahuter par la partie cycle remuante et trouver un tempérament joueur, nerveux et vif au pétillant moteur, y compris en optant pour une MT-07 A2, il va falloir réviser ses classiques : aujourd’hui, avec les bridages successifs induits par les normes anti-pollution, c’est plutôt l’inverse. La nouveauté mise sur l’efficacité et sur la rigueur de sa tenue de route plus que sur les sensations plus ou moins pures ! Pas de cure d’austérité pour autant, il reste du peps et de la brillance, notamment dans les hauts régimes aux alentours de 5 500 tr/min. Avec la version A2, la puissance maximale est distribuée à 7 750 tr/min. Restent les ressentis fort agréables, lissés par le nouveau caractère moteur. Au point d’avoir l’impression, parfois, de se retrouver sur une calme Honda NC750 S.
Effectivement plus orienté vers la démonstration sonore que vers celle de la sportivité, le CP2 impressionne davantage par ses bas et mi-régimes que par ses envolées mécaniques. Sa souplesse et sa réactivité sont également tout à son honneur, tandis que cette nouvelle identité apparaît par moment comme un véritable contre-pied par rapport aux modèles « historiques » de la 07. À présent, tirer sur les rapports semble presque inutile. C’est dire !

Des « qualités », donc, la MT-07 en a, mais de nouvelles. Et on les retrouve naturellement avec la transmission automatique (Y-AMT) : ça pousse, ça râle et ça avance, mais sans réelle surprise non plus. La boîte automatisée mise naturellement sur le passage rapide (0,1 s) et précoce des rapports. Nervosité, es-tu là ? Pas tout à fait, sauf dans les à-coups de transition entre les rapports, résolument brusques, passés sur l’angle.
En A2, on pourra même tirer son épingle du jeu, surtout si l’on accepte des départs mesurés et sous contrôle de l’embrayage automatique. Le CP2 ne décolle vigoureusement qu’une fois les 30 km/h dépassés. On utilise par contre volontiers la gâchette pour descendre (ou monter) les rapports en jouant de la boîte sur route technique, notamment à l’amorce d’un virage. De quoi adoucir (encore!) les réactions. Combiné à la nouvelle partie cycle, le bicylindre rend honneur à son patronyme MT (Master of Torque/Maître du Couple). De quoi faire réellement preuve d’une rigueur épatante niveau trajectoire et d’une sérénité impeccable au guidon, en ne s’occupant de rien d’autre que d’accélérer ou de freiner… Que l’on débute ou non, on adopte cette boîte imparfaite, mais parfaitement exploitable et agréable, une fois le mode d’emploi trouvé. Les A2 et permis A2 automatiques apprécieront l’optimisation – notamment de trajectoire et de freinage ! – permise par le dispositif, lequel ramène au passage quelques sensations ! Et le mode manuel ? Anecdotique à notre sens si l’on a opté pour ce type de boîte. Un peu lent au rétrogradage de plusieurs rapports et moins efficace qu’un shifter au pied, quand on y réfléchit bien, le Y-AMT demande juste à être bien compris. La boîte mécanique standard, douce et suffisamment agréable, permet de descendre plus efficacement, plus rapidement les rapports, d’exploiter pleinement le moteur, sa souplesse. En ville, par contre, difficile d’afficher autant de maîtrise et de contrôle de l’embrayage qu’avec la boîte auto.

Si Yamaha vante « seulement 159,58 € » de bail sur 37 mois (donc plus de 3 ans), l’offre ne saurait être à la hauteur de ce que propose BMW pour les nouveaux permis par exemple, avec des opérations ponctuelles comme celle pour les F900 R et F900 XR (89 €/mois, sans apport, 119 €). Dommage, surtout au moment où la MT-07 devient plus cossue et se rapproche techniquement de ses concurrentes, d’autant plus avec un budget compris entre 8 000 et 8 500 €. Une sacrée somme, donc, dans le monde du A2, comme le démontrent notre guide d’achat et nos essais.

Avec cette nouvelle MT-07, Yamaha semble tendre vers plus de facilité et de stabilité en roulant, et moins de sensations ou d’excentricité. Restent son image bien installée et son esthétique si particulière. De fait, la MT-07 semble rompre avec son côté canaille et semble vouloir conquérir un large panel de motards et de motardes, qu’elle entend également ne pas impressionner, physiquement parlant. La recette d’un succès, ou bien le signe de la fin d’un concept ?
 

Les points forts
Un moteur disponible à bas régime
Excellente tenue de route
La version boîte auto en A2

Les petits défauts
Un caractère moins affirmé
Les à-coups de la boîte Y-AMT sur l‘angle
Une LOA trop chère

2 cyl. en ligne / 689 cc / 6 rapports 47,6 ch à 7 750 tr/min par bridage électronique pour l'A2 - 73,4 ch débridé 67 Nm à 6 500 tr/min Hauteur de selle 805 mm / 183 kilos (std) ou 186 kg (Y-AMT) Réservoir de 14 litres